La semaine dernière, Moyenne Fille et moi avons donné tout un spectacle à la natation.
Il s'agissait du premier cours de la session, tout était à recommencer (référence à la session d'été): nouvelle piscine, nouveau professeur (un garçon en plus... Moyenne Fille est très gênée par les garçons).
Alors que tous les enfants étaient dans l'eau depuis un moment, Moyenne Fille était encore solidement accrochée à ma jambe et moi je commençais à être solidement à bout de nerfs. Je sentais le regard de tous les parents (une trentaine, quand même!) posé sur nous. Je pouvais presque entendre leurs paris: "Un 5$ sur la petite, c'est clair qu'elle n'entrera pas dans l'eau", "Un 5$ que la mère tombe dans l'eau AVEC la petite."
******
Je ne savais plus quoi faire pour qu'elle entre dans l'eau. J'ai essayé différentes techniques:
1- La confiance: "Je sais que tu es capable, tu l'as fait cet été."
2- Tenir parole: "Tu m'avais dit que tu voulais faire un cours avec des grands de ton âge. Tu m'avais dit que tu n'avais pas besoin que j'aille dans l'eau avec toi."
3- L'argent: "On a payé pour que tu fasses des cours de natation. Là, c'est comme si on payait pour que tu pleures sur le bord de la piscine."
4- La douceur: "Fais juste tremper tes pieds, puis tu pourras t'asseoir sur le bord de la piscine."
5- La fermeté: "Tu as 2 choix. Soit tu descends toute seule, soit je te descends dans l'eau. Tu as 10 secondes pour y penser." (Elle tenait ma jambe si fermement que je serais tombée avec elle dans l'eau.)
Au plus fort de la crise, peu fière de moi, j'ai même sorti mon joker:
6- Le joker: "Bon là, ça suffit, j'appelle le Père-Noël!" ("T'as même pas son numéro!", qu'elle me dit, la maline!)
7- L'enchère: "Je te donne un dinosaure si tu vas dans l'eau."
8- La surenchère: "Je te donne un dinosaure si tu vas dans l'eau. Deux, si tu restes dans l'eau. Trois, si tu vas rejoindre ton prof sans attendre. Quatre, si tu fais le cours avec le reste du groupe."
Elle aura finalement eu 2 dinosaures. Elle est entrée dans l'eau (à 8 minutes de la fin), mais elle n'a pas fait le cours. Malgré tout, j'étais fière d'elle: elle était entrée dans l'eau.
Dans le vestiaire, une mère a passé une remarque; je l'aurais mordue (la mère, pas ma fille)!
******
Lors de mon cours sur la relation d'attachement, j'ai appris que les enfants, contrairement à ce que peuvent penser les adultes, ne sont pas capables de s'auto-motiver. Les trucs plus difficiles, ils ne peuvent pas les faire en se disant simplement: "Je vais le faire pour moi."
J'ai alors compris pourquoi les 6 premières techniques n'avaient pas fonctionné avec ma fille: elle n'avait pas de raisons suffisantes d'entrer dans l'eau. Elle ne voulait pas entrer dans l'eau simplement pour elle, ni pour l'argent et encore moins pour le Père-Noël. Même les dinosaures n'ont pas été suffisants pour qu'elle fasse son cours. Ils ont à peine aidé à la faire entrer dans l'eau. Elle n'est pas attachée à tout ça.
*****
Hier soir, avant le 2e cours de natation, Moyenne Fille ne voulait pas y aller. Elle disait qu'elle était trop gênée par son professeur.
On lui a parlé des dinosaures.
Elle nous a alors répondu, comme si nous étions les derniers cons de la terre,:
"Mais je m'en fous des dinosaure!" (Que je t'aime, ma fille!)
******
Grâce à mon cours sur la relation d'attachement, j'ai alors pu trouver les bons mots à lui dire:
"Je sais que tu as peur d'y aller. Je sais que ton professeur te gêne beaucoup, mais je sais aussi que tu es capable. Fais-le pour moi. Vas faire ton cours de natation pour moi, pour me faire plaisir."
Arrivées à la piscine, son professeur me dit: "Aujourd'hui, votre défi, c'est qu'elle entre avant la moitié du cours." Et je lui ai répondu:
-"Moi, je vise plutôt 2 minutes pour qu'elle entre dans l'eau."
Puis, juste avant que son cours commence, je souffle à l'oreille de Moyenne Fille: "Fais-le pour moi!"
*******
Sa ceinture d'hippopotames nouée à la taille, son casque de bain bien enfilé, elle a suivi son professeur le long de la piscine en prenant de grandes respirations. Puis est venu le moment d'entrer dans l'eau. Sans pleurer, elle est entrée tout doucement dans la piscine en même temps que les 2 autres amis de son groupe.
Elle a fait son cours comme les autres. À plusieurs reprises, elle m'a regardée en souriant. Son cours a fini et elle a marché jusqu'à moi. Les yeux pleins d'étoiles elle m'a dit:
"J'ai eu beaucoup de plaisir Maman."
"Et moi, je suis très fière de toi. Merci beaucoup de l'avoir fait pour moi."
Et dans mon coeur, j'ai ajouté:
"Merci beaucoup de me montrer que tu es attachée à moi."
Il s'agissait du premier cours de la session, tout était à recommencer (référence à la session d'été): nouvelle piscine, nouveau professeur (un garçon en plus... Moyenne Fille est très gênée par les garçons).
Alors que tous les enfants étaient dans l'eau depuis un moment, Moyenne Fille était encore solidement accrochée à ma jambe et moi je commençais à être solidement à bout de nerfs. Je sentais le regard de tous les parents (une trentaine, quand même!) posé sur nous. Je pouvais presque entendre leurs paris: "Un 5$ sur la petite, c'est clair qu'elle n'entrera pas dans l'eau", "Un 5$ que la mère tombe dans l'eau AVEC la petite."
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Je ne savais plus quoi faire pour qu'elle entre dans l'eau. J'ai essayé différentes techniques:
1- La confiance: "Je sais que tu es capable, tu l'as fait cet été."
2- Tenir parole: "Tu m'avais dit que tu voulais faire un cours avec des grands de ton âge. Tu m'avais dit que tu n'avais pas besoin que j'aille dans l'eau avec toi."
3- L'argent: "On a payé pour que tu fasses des cours de natation. Là, c'est comme si on payait pour que tu pleures sur le bord de la piscine."
4- La douceur: "Fais juste tremper tes pieds, puis tu pourras t'asseoir sur le bord de la piscine."
5- La fermeté: "Tu as 2 choix. Soit tu descends toute seule, soit je te descends dans l'eau. Tu as 10 secondes pour y penser." (Elle tenait ma jambe si fermement que je serais tombée avec elle dans l'eau.)
Au plus fort de la crise, peu fière de moi, j'ai même sorti mon joker:
6- Le joker: "Bon là, ça suffit, j'appelle le Père-Noël!" ("T'as même pas son numéro!", qu'elle me dit, la maline!)
7- L'enchère: "Je te donne un dinosaure si tu vas dans l'eau."
8- La surenchère: "Je te donne un dinosaure si tu vas dans l'eau. Deux, si tu restes dans l'eau. Trois, si tu vas rejoindre ton prof sans attendre. Quatre, si tu fais le cours avec le reste du groupe."
Elle aura finalement eu 2 dinosaures. Elle est entrée dans l'eau (à 8 minutes de la fin), mais elle n'a pas fait le cours. Malgré tout, j'étais fière d'elle: elle était entrée dans l'eau.
Dans le vestiaire, une mère a passé une remarque; je l'aurais mordue (la mère, pas ma fille)!
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Lors de mon cours sur la relation d'attachement, j'ai appris que les enfants, contrairement à ce que peuvent penser les adultes, ne sont pas capables de s'auto-motiver. Les trucs plus difficiles, ils ne peuvent pas les faire en se disant simplement: "Je vais le faire pour moi."
J'ai alors compris pourquoi les 6 premières techniques n'avaient pas fonctionné avec ma fille: elle n'avait pas de raisons suffisantes d'entrer dans l'eau. Elle ne voulait pas entrer dans l'eau simplement pour elle, ni pour l'argent et encore moins pour le Père-Noël. Même les dinosaures n'ont pas été suffisants pour qu'elle fasse son cours. Ils ont à peine aidé à la faire entrer dans l'eau. Elle n'est pas attachée à tout ça.
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Hier soir, avant le 2e cours de natation, Moyenne Fille ne voulait pas y aller. Elle disait qu'elle était trop gênée par son professeur.
On lui a parlé des dinosaures.
Elle nous a alors répondu, comme si nous étions les derniers cons de la terre,:
"Mais je m'en fous des dinosaure!" (Que je t'aime, ma fille!)
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Grâce à mon cours sur la relation d'attachement, j'ai alors pu trouver les bons mots à lui dire:
"Je sais que tu as peur d'y aller. Je sais que ton professeur te gêne beaucoup, mais je sais aussi que tu es capable. Fais-le pour moi. Vas faire ton cours de natation pour moi, pour me faire plaisir."
Arrivées à la piscine, son professeur me dit: "Aujourd'hui, votre défi, c'est qu'elle entre avant la moitié du cours." Et je lui ai répondu:
-"Moi, je vise plutôt 2 minutes pour qu'elle entre dans l'eau."
Puis, juste avant que son cours commence, je souffle à l'oreille de Moyenne Fille: "Fais-le pour moi!"
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Sa ceinture d'hippopotames nouée à la taille, son casque de bain bien enfilé, elle a suivi son professeur le long de la piscine en prenant de grandes respirations. Puis est venu le moment d'entrer dans l'eau. Sans pleurer, elle est entrée tout doucement dans la piscine en même temps que les 2 autres amis de son groupe.
Elle a fait son cours comme les autres. À plusieurs reprises, elle m'a regardée en souriant. Son cours a fini et elle a marché jusqu'à moi. Les yeux pleins d'étoiles elle m'a dit:
"J'ai eu beaucoup de plaisir Maman."
"Et moi, je suis très fière de toi. Merci beaucoup de l'avoir fait pour moi."
Et dans mon coeur, j'ai ajouté:
"Merci beaucoup de me montrer que tu es attachée à moi."
C'est beau à lire... merci d'avoir partager cette tranche de vie avec nous.
RépondreSupprimerWow! C'est tellement beau de te lire. Quel récit touchant et... attachant! :)
RépondreSupprimerC'est une intervention TELLEMENT INSPIRANTE. Je vais l'essayer, moi aussi. Ryan a un peu de difficulté à affronter plusieurs de ces «obstacles de la vie»: nager dans le creux de la piscine en est un parmi tant d'autres.
RépondreSupprimerEt puis, quelle preuve d'amour, de la part de Moyenne Fille. C'est tellement gratifiant pour une maman!
Wow :)
RépondreSupprimerJe suis très impressionnée! Un cours d'Université de la vie!
RépondreSupprimer@Toutes: Merci de commenter!:)
RépondreSupprimerTrès mignon toute cette histoire! Tu as eu une belle technique de persuasion!
RépondreSupprimerWow ! Je vais mettre en pratique des ce soir ! J'espere avoir le même résulta que toi !
RépondreSupprimerXXX
Karo
Bon... oui.... mais....
RépondreSupprimersi Moyenne fille avait refusé de le faire "pour vous", ça n'aurait pas nécessairement voulu dire qu'elle ne vous était pas attachée.
Il y aurait eu plusieurs autres interprétations.
Et ce que je n'aime pas trop dans ce procédé (avec tout le respect que je vous dois), c'est qu'il s'apparente légèrement à du chantage émotif.
Pas simple, j'avoue.
Je ne faisais pas le diable mieux, rassurez-vous, car j'avais le petit garçon qui pleure systématiquement aux cours de natation, karaté, danse, partout. Et je l'y envoyais quand même! De force, oui. Parce que je pensais que c'était bon pour lui. Mais je ne lui aurais pas dit "fais-le pour moi" mais plutôt "fais-le parce que je pense que c'est bon pour toi." et c'est moi qui décide, oui, je suis le parent. Question de terminologie peut-être et je ne prétends pas du tout avoir raison. On discute là... ;o)
@Une Femme libre: C'est vrai que Moyenne Fille aurait pu refuser de le faire, malgré le fait qu'elle soit attachée à moi. C'est vrai aussi que ça ressemble à du chantage émotif. Pour ces raisons, je crois qu'il faut faire attention avant d'utiliser cette méthode. Je suis entièrement d'accord avec vous lorsque vous dites:""fais-le parce que je pense que c'est bon pour toi." et c'est moi qui décide, oui, je suis le parent." C'est en plein ça que je me disais dans ma tête. Le problème est que ces mots (d'adultes) ne rejoignent pas toujours les enfants, selon les circonstances. Ici, je savais que Moyenne Fille était capable et je savais qu'elle allait même en retirer du plaisir... je ne me sentais donc pas trop coupable de lui faire ce chantage émotif. Mais j'avoue que ce n'est pas toujours simple.
RépondreSupprimerJe suis bien contente que vous ayez pris le temps d'écrire votre point de vue. Je trouve qu'il nuance bien mes propos. Il faut vraiment faire attention de ne pas utiliser cette méthode pour tout et pour rien. Merci de prendre le temps d'enrichir la réflexion!:)
@Toutes: Merci de commenter!:)
Est-ce que c'est moi qui ait encore trop d'hormones de grossesse dans le sens.... j'ai versé une grosse larme de crocro!
RépondreSupprimerJ'avais justement le premier cours de piscine de mon bébé en fin de semaine! Je promets de ne pas porter de jugement sur les parents qui ont des enfants qui n'iront pas dans l'eau... promis!
@Fanny: Bienvenue ici!:) Merci pour ton commentaire! Plus nos enfants grandissent et font face à de nombreux défis, plus notre vision des choses change! C'est une sage idée de ne pas porter de jugement. ;)
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