vendredi 27 avril 2012

X-Boy

Hier, je suis allée passer l’avant-midi chez X-Mom avec mes 2 plus jeunes. D’habitude, lorsque je vais chez X-Mom, j’y vais seule. Ça me fait du bien. C’est tellement paisible dans sa maison, qu’on peut entendre ce qui joue à la radio! 

Hier matin, c’était donc la première fois que j’amenais mes filles chez mon amie.  Elle comprend maintenant ce que je veux dire quand je lui dis que ça me fait du bien aux oreilles d'aller chez elle. Ce qui est bien avec X-Mom, c’est qu’elle s’émerveille devant tout le bruit que mes filles peuvent faire.

Mes cocottes avaient déjà rencontré X-Boy auparavant. Elles l’avaient vu  à l’heure du conte à la bibliothèque  ainsi qu’à la maison lors d’un déjeuner de mamans. Chaque fois, il y avait plusieurs enfants. Hier, c’était la première fois qu’elles « allaient jouer chez X-Boy ». Je m’attendais à ce que Moyenne Fille, 5 ans, pose des questions au sujet du fils de mon amie, mais je savais aussi que X-Mom saurait trouver les mots pour lui répondre.

Bon, pour celles qui ne lisent pas X-Mom (vous ne savez pas ce que vous manquez!), X-Boy a un syndrome d’opitz-C, un syndrome très rare.

Finalement, Moyenne Fille a posé une seule question et  j’étais amplement capable d’y répondre :

« - Il a quel âge, X-Boy? 
-          3 ans.
-          Comme Bébé Fille?
-          Oui, comme Bébé Fille. En fait, il est un peu plus vieux, car il y 3 ans et demi. »

Ce fut tout. Pas d’autres questions.

Un peu plus tard, pendant que X-Mom faisait déjeuner X-Boy, le téléphone a sonné. C’était Ste-Justine (l’hôpital, pas la vraie Sainte!).  J’ai alors pris la relève de X-Mom le temps qu’elle parle au téléphone. Pendant  que je donnais les céréales à X-Boy, mes filles se sont approchées.  Elles étaient toutes calmes, silencieuses, touchées par la douceur que cet enfant dégageait. Moyenne Fille et X-Boy se sont regardés dans les yeux et ils ont souri. C’était beau à voir. Un petit moment magique.

Par la suite, pendant qu’ils jouaient tous par terre, Moyenne Fille s’est approchée de X-Boy avec des jouets en forme de fleurs et elle a dit : « Tu veux des fleurs, X-Boy? » C’était vraiment trop mignon.

À ce moment, j'ai pris conscience que mes filles pouvaient voir X-Boy bien au-delà des différences. Elles voyaient ce qui était le plus important, l'essentiel : un petit garçon de 3 ans et demi, gentil et très doux, qui partageait ses jouets.

Elles ont vu X-Boy avec leur cœur.  Et tout le monde sait qu’un cœur, ça voit ce qui unit avant de voir ce qui nous différencie.


*************

Mon cœur à moi, X-Boy a su l’ouvrir, le réveiller.

J’en ai eu la preuve lorsque je suis allée à Disney l’hiver dernier. Nous étions en file pour faire le check-in à l’hôtel et, juste derrière nous, il y avait cette jeune fille d’une dizaine d’années avec une déficience intellectuelle. L’ancienne moi ne lui aurait pas parlé. Pas par méchanceté, mais plutôt par peur  d’être maladroite. L’ancienne moi aurait, tout au plus, échangé quelques mots avec la maman, puisque j’avais remarqué qu’ils venaient également du Québec. L’ancienne moi n'aurait peut-être rien dit à la maman par peur de déranger, allez savoir. Ce que je sais, c’est que grâce à X-Boy, je n’ai plus  cette peur d’être maladroite avec les enfants différents. Je sais maintenant que c’est tout simple : je n’ai qu’à laisser parler mon cœur. Et comme je vous l’ai déjà dit; un cœur, ça voit ce qui unit avant tout!

J'ai alors dit à la jeune fille :

« -Tu as donc bien un beau chapeau, toi!
-          Oui, c’est maman qui me l’a acheté au château.
-          Ah oui! Tu es allée au château? »

Et là, avec des étoiles dans les yeux, elle se met à me raconter tout plein de choses: qu’elle a fait 9 dodos à Disney; que c’est beaucoup 9 dodos!; qu’elle a eu ce beau chapeau; que sa sœur a également eu un beau chapeau; que son frère aussi a eu un chapeau, mais que là, il n’est pas là, parce qu’il est aux toilettes avec son papa :  il vomit!... »


Cette journée là, il s’est passé quelque chose de magique entre moi et cette jeune fille handicapée; nos cœurs se sont rejoints.

Walt nous dirait peut-être que c’est ça, la magie de Disney. 

Moi, je crois plutôt que c’est ça, la magie de X-Boy : il sait faire danser les cœurs.


19 commentaires:

  1. Ben là!!! Je pleure comme une Madeleine à la lecture de ce billet!!!

    Chère "toi de toi" (comme je dis souvent à X-Boy), je ne trouve pas les mots justes pour décrire l'ÉNORME chance que j'ai de t'avoir rencontrée... tu mets tellement de bonheur, de douceur et de sourires dans ma vie depuis l'été dernier... Autant "toi" que ta famille, que tes filles qui m'émerveillent, c'est vrai, dans leurs moindres faits et gestes. C'est un cadeau que tu nous fais, à X-Boy et à moi, d'avoir accès à des jeux d'enfants, à des cris désordonnés, à des gestes incohérents mais si éloquents d'une enfance remplie de joie et de simplicité...

    X-Boy fait une "différence" dans ta vie et j'en suis vraiment touchée... sache que tes mots le décrivent si bien et que si mon petit bonhomme peut faire "danser les coeurs", c'est grâce à ses professeurs de danse qui l'entourent et dont tu (et vous) fais partie depuis bientôt un an...

    Allez, je vais pleurer encore... tu vas me devoir une boîte de Kleenex! hahahah

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    1. Nous sommes très privilégiés de vous côtoyer! xx

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    2. J'aurais pu exactement écrire la même chose, Maman à bord. Merci de prendre soin de X-Boy (qui me rend les jambes en guimauves dès que je le vois, systématiquement) et de sa maman, ma chère amie X-Mom.

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    3. Merci beaucoup pour ton commentaire, Élisou. X-Mom m'a beaucoup parlé de toi (toujours en bien!;-)). Je vais continuer de prendre soin d'eux, c'est promis! Comment pourrais-je faire autrement? Ce sont des gens si exceptionnels! :-)

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  2. Bravo! Mettre en mots cette histoire, cette amitié, ces petits changements, c'est de nous faire un beau cadeau et nous ouvrir nous aussi à ce monde.

    XxX

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  3. Les enfants ont le coeur pur. C'est souvent les parents qui font ressortir les différences.

    J'ai un ami lourdement handicapé et muet. Son apparence peut faire peur à un enfant (du moins, c'est ce que je croyais). Lorsque mes enfants l'on rencontré, je m'attendais à plusieurs questions. Je n'en ai eu qu'une : qu'est-ce qu'il a à son nez ? (Il portait un dichylon suite à une banale irritation.)

    La différence, c'est nous qui la créons. Ne sommes-nous pas tous différents ?

    Bravo pour ton billet.

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    1. Je suis tout à fait d'accord avec toi. Merci pour ton commentaire! :-)

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  4. Superbe billet. J'en ai les larmes aux yeux! Si seulement j'habitais plus près...

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  5. Je n'ai qu'une chose à ajouter: Quand les coeurs s'unissent, c'est pour la vie! Alors longue vie à votre amitié mesdames! :0)
    Michelle

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  6. Précieuse cette amitié, et vous faites bien de l'entretenir ;)

    Bon dimanche, beau billet à lire!!!

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  7. Les jeunes enfants n'ont pas de préjugés. C'est pour ça qu'il est si important qu'ils côtoient jeunes des enfants et des adultes "différents". Ils grandissent alors avec une pluralité d'amis et une acceptation de l'autre plus grande. Les garderies qui intégrent des enfants handicapés rendent service à tous, handicapés, parents d'handicapés et non-handicapés. Ces enfants deviendront des adultes, des dirigeants, des employeurs qui n'auront pas peur de fréquenter et d'engager des gens différents d'eux. La différence s'apprivoise. Beau billet que vous nous avez écrit là.

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    1. Comme je suis heureuse de vous lire, une femme libre! Merci beaucoup pour votre commentaire!

      Grande Fille fréquente l'école du quartier, où il y a également une classe de déficience intellectuelle moyenne. Les enfants de cette classe font leurs cours d'éducation physique avec les classes du régulier. C'est un bel exemple d'une saine intégration.

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  8. Je ne lis pas X-Mom mais je peux te dire que ce billet m'a fait du bien. La semaine dernière, j'étais chez Tim avec ma gang et un monsieur est entré, handicapé et trisomique. Les enfants l'ont regardé un certain temps, sans poser une parole ou une question, puis lui ont fait un sourire à 100$, qu'il leur a rendu tout aussi sincère. J'étais émue comme je le suis après avoir lu ton blogue. :)

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  9. C'est un superbe billet!

    J'ai eu la chance d'aller dans une école primaire où il y avait des classes pour handicapés. Les classes régulières faisaient assez régulièrement des activités dans le but de les intégrer. Quelques élèves par classes étaient designés pour les accompagner lors des récrés. Je l'ai fait souvent. Ces expériences, m'ont permis de voir que ces gens différents, ne le sont pas tant que ça, qu'ils nous apportent beaucoup. Je suis heureuse d'avoir eu ce contact car cela m'a permise de ne pas me sentir mal à l'aise en leurs présences. J'ai plutôt l'habitude d'entrer en contact avec eux de façon spontanée. Tout les enfants devraient vivre de telles expériences à quelques reprises.

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